Jennifer Lopez, chanteuse de la Lambada et égérie des rasoirs Gillette Venus, revient dans un clip hilarant où il est question de cookie magique aux étranges vertus.
Bon alors quoi, cette année les popstars ont toutes avalé un clown ? Cette vidéo de "Papi" s'inscrit dans la droite lignée des clips lollifiants de Britney ("I Wanna Go") et Katy Perry ("Last Friday Night"). Le point commun de ces morceaux de bravoure pop : tourner en dérision l'image publique de la célébrité. Britney joue la bimbo trash qui défonce les paparazzis, Katy cabotine dans un rôle de nerd excentrique et meilleure copine drôle mais bonne, et J-Lo quant à elle rejoue ici pour la 100e fois la bomba latina éternelle, abonnée aux comédies romantiques semi-foireuses mais attachantes.
On tient ici une vraie tendance de fond qui, à mon avis, va durer un moment. Rappelons-nous "You Belong With Me" de Taylor Swift : même procédé à la fois sitcomesque et mignon jouant avec les signes particuliers d'une chanteuse. Mais pourquoi les stars se sentent-elles obligées de séduire en jouant la comédie, dans des parodies d'elles-mêmes ?
On peut se demander si cette vague d'auto-dérision ne viendrait pas d'une réaction épidermique face à des artistes comme Lady Gaga ou Kanye West, au talent avéré certes, mais au melon sur-dimensionné. A force de clamer qu'elles ont une vision révolutionnaire, à force de signer des morceaux, des clips, de donner des interviews vécues comme des démonstrations de force à la limite du concours de bites, le public se sent largué. Rien de plus irritant que les discours d'autosatisfaction et les leçons de choses, surtout de la part d'artistes pop. La musique pop doit, du moins en apparence, rester du divertissement, quelque chose qui a l'air d'être simple, à la portée de tout un chacun. Lorsque cette règle n'est pas respectée, on tombe dans le pire des écueils : la prétention.
Dernièrement, Madonna est passée pour une vieille salope après avoir ironisé au sujet du cadeau d'un fan (des hortensias). Tout le monde a vu la vidéo sur YouTube. Après coup, elle s'est aperçue qu'on l'avait piégée, et s'est empressée de poster une réponse très drôle à ce "fan" indélicat.
On s'est rappelés alors qu'on n'avait probablement plus vu Madonna faire de l'humour depuis au moins les années 90.
Oui, aujourd'hui les stars de la pop se doivent d'utiliser les mêmes armes que les internautes, qu'ils soient fans ou rageux. Elles doivent se réapproprier l'espace public et se faire une place dans le bordel ambiant des réseaux sociaux, comme toi et moi. A une époque où Perez Hilton et Kim Kardashian, des nobodies (non-artistes du moins), sont plus célèbres que certains acteurs hollywoodiens (on se rappelle du nom du chien de Paris Hilton mais pas du mec qui a joué dans Avatar), les stars sont logées à la même enseigne que les ploucs qui, il n'y a pas si longtemps que ça, n'avaient que la possibilité d'acheter, ou non, un disque ou une place de ciné. Aujourd'hui, tout le monde donne son avis, et c'est à celui ou celle qui gueulera plus fort que l'autre sur ta timeline de Twitter.
Beyoncé se frotte le bide devant les caméras des MTV Awards pour annoncer qu'elle est enceinte, Cher Lloyd reçoit des menaces de mort dans ses messages Facebook, Scarlett Johansson et Blake Lively allument leur ordi le matin et tombent sur des photos d'elles à oilp', chourées sur leur disque dur ou leur téléphone portable. Etre une star en 2011, c'est être contraint de faire de sa vie privée un spectacle tout aussi divertissant que ce que l'on produit en tant qu'artiste. C'est être donc, par la même occasion, aussi vulnérable qu'un mec de France Télécom qui se fait harceler au boulot. Faire de sa vie une comédie, descendre de leur piédestal, c'est peut être aussi une façon, pour les popstars d'aujourd'hui, d'oublier la trivialité, la triste réalité de ce nouveau statut. Puisqu'on est rabaissés à l'état de vulgaires êtres humains, autant en profiter pour leur grappiller un peu d'humanité.