Club Corbeille

Amoureux solitaires

J'ai assisté ce lundi à une scène un peu étrange. Ca s'est passé au Virgin des Champs, je me dirigeais vers le rayonnage où se trouvaient les piles du dernier album d'Indochine. Un jeune gars, très remonté, est arrivé derrière moi et s'est mis à gueuler un truc à son voisin. Il se plaignait du fait qu'à côté des cédés de son groupe préféré, se trouvait une autre pile, celle du bouquin du frère de Nicola Sirkis (pas celui qui est mort, un autre). Ni une ni deux, il a embarqué la pile maudite, et l'a posée pas très délicatement au sol, derrière le présentoir, en déclarant "Allez hop, ça dégage !"...
Pour ceux qui n'ont pas suivi la "polémique", Christophe Sirkis vient de publier un livre qui relate les débuts d'Indochine, et dans ce bouquin, il balancerait des choses pas très gentilles sur le petit Nicola : en gros, il l'accuserait de ne pas avoir aidé son frère Stéphane à se sortir de son addiction à l'héro (il est mort d'une hépatite en 1999).
Bon, pourquoi je parle de ça moi ? Bah, d'une part j'adore les anecdotes inutiles, d'autre part, cette petite histoire illustre bien la dévotion des fans d'Indo, toujours au taquet dès que le groupe est égratigné quelque part dans les médias. Et c'est une chose assez louable. Tant qu'il y aura des fans, de l'hystérie, de la polémique, de la passion et des larmes autour d'un groupe quel qu'il soit, la musique ne crèvera pas d'ennui.

 

La musique justement, parlons-en. Je déteste jouer les chroniqueurs, c'est devenu un style tellement parodique depuis les Inrocks que l'idée d'émettre un avis détaillé et argumenté sur quoi que ce soit me fatigue d'avance. Je vais donc résumer "La république des météors" en quelques mots : pour les gens qui captent ce qui se joue dans la musique d'Indochine, c'est une totale réussite, un truc vraiment brillant. Les autres trouveront sûrement le disque encore plus rédhibitoire. Tout est un peu poussé à son paroxysme : la voix de Sirkis plus juvénile et dissonante que jamais, les thèmes lourdingues en apparence (la séparation des êtres en temps de guerre, l'absence, l'isolement) donnent lieu à des chansons plutôt touchantes. Il y a toujours une sensibilité pop exemplaire, les titres les plus gogols ("Junior song", "Play boy") sont les plus réussis, et il y a une reprise d'un titre d'Elli et Jacno ! En fait, c'est sans doute ce qui explique la longévité d'Indochine : chaque nouveau disque est le disque de la maturité, tout en sonnant depuis 27 ans comme un groupe d'ados aux chansons mal dégrossies.

 

Oui bon en fait je viens quand même d'écrire une sorte de chronique un peu.