La pop music est un genre très très versatile, je n'apprends rien à personne. C'est d'ailleurs ce qui énerve les puristes de la "vraie musique", quand ils voient ces artistes pop passer du r&b au rock à la folk acoustique à l'electro dancefloor. Prenez les Black Eyed Peas par exemple. A chaque nouvel album, la seule constante du groupe sont les fesses de Fergie qui ne cessent de prendre de l'ampleur. Mais musicalement, ils vont là où le vent, la hype, la mode, les mènent. On appelle ça de l'opportunisme.
Les producteurs de pop le sont, opportunistes. Ils veulent avoir le son du moment, rester dans la course au tube, faire danser de la cagole à la Pergola Night Bar Boîte Parking Gardé. Et nos amis les amateurs de musique "authentique" de s'insurger : "Mais quelle soupe commerciale, quelle honte"...
Tous ces peine-à-jouir vont bientôt se lamenter au sujet de la nouvelle direction musicale d'une de leurs chanteuses chouchous de l'année 2008, la petite australienne Gabriella Cilmi. A l'époque, avec son tube motownesque et un peu amy winesque "Sweet about me", elle avait séduit quelques bobos à l'heure du mojito avec un son soul et vintage sympatoche qui donnait envie d'ouvrir le paquet de noix de cajou près de la table de jardin en attendant que les garçons préparent le barbecue. Son album, frais et bon comme du bon pain, m'avait séduit moi aussi d'ailleurs. Pourtant, la petite (elle a aujourd'hui 19 ans) a berné tout le monde : produite par l'usine à tubes Xenomania, elle était juste une (incroyable) interprète au service d'une team de superproducteurs rusés, déjà responsables du succès de tonnes de groupes anglais dont le plus connu, les Girls Aloud. A l'époque, la mode était au vintage soul, la Winehouse était en couv' de Closer toutes les semaines, alors, comme tant d'autres, Gabriella a donc sorti un album vintage soul. Les radios ont adoré d'ailleurs.
Il y a quelques mois, les mecs de Xenomania s'ennuyaient. Les Girls Aloud sont au chômage technique pour cause de carrière solo de Cheryl Cole. Alors, Gabriella Cilmi, en 2010, sortira un album des Girls Aloud.
Eh oui, fini le son groovy de "Lessons to be learned", les nouvelles directives sont claires : Gabriella sortira un disque de pop surproduit, tubesque, rentre-dedans et décomplexé. Un truc énorme, de la pop de stades. En gros, du Girls Aloud. Ce changement radical au niveau du son risque de dérouter plus d'un fan de la première heure. L'album "Ten" sortira en Angleterre à la fin du mois, et déjà le premier single "On a mission", annonce la couleur. Au programme : du synthé, un rythme épuisant, et un refrain à faire passer "Believe" de Cher ou "Go West" de Pet Shop Boys pour des complaintes folk neurasthéniques. Les fans de Charlie Winston vont devoir s'accrocher à leur chapeau.
Allez, on se la remet pour le plaisir.
Wo-ho.