Les influences de Lady Gaga pour la pochette de son single sont principalement Pierrot Gourmand et la cocaïne.
Si vous suivez ce blog depuis longtemps, et si vous lisiez mes articles sur feu Pop Heart à l'époque de l'ère Born This Way, vous êtes déjà au courant : au sujet de Lady Gaga, je suis plutôt "créditeur", c'est à dire assez bon public et bienveillant en général. Je fais partie de ces gens qui ont rapidement été fans, séduit par l'ambition créative et le côté maousse et fascinant de l'entreprise Gaga. Dans le contexte de son arrivée sur le marché de l'entertainment, la pop, à ce moment-là, en avait bien besoin. Et qu'on le veuille ou non, la musique mainstream telle qu'elle se présente en 2013 doit beaucoup au système Gaga, fait de coups d'éclat (oui, on disait qu'on arrêtait de dire "buzz"), de récup' habile et d'un culte de la personnalité inspiré des plus grands (Michael Jackson, Madonna...).
Au fil du temps, on a tous commencé à voir les ficelles, les zones d'ombre et les défauts du truc. Alors oui, Lady Gaga est d'une prétention sans commune mesure, sa personnalité ombrageuse et son délire borderline parano constant nous gavent passablement, son Born This Way est un peu boursouflé, sa fanbase est plus nocive et haineuse qu'une armée de moustiques sanguinaires, et globalement, on sent que tout peut déraper à tout moment dans le n'importe quoi. Mais jusqu'à présent, elle délivre les tubes, et c'est bien tout ce qu'on lui demande.
"Applause", le single qui précède le tant attendu nouvel album ARTPOP, a été dévoilé hier en fin de journée par Maman Monstre en personne. Il était déjà menacé de fuites par de méchants hackers chinois du FBI qui en veulent à l'intégrité artistique de cette pauvre femme qui aura vraiment subi tous les outrages. Cette dernière nous a d'ailleurs donné ses consignes sur Twitter : il faut impérativement écouter ses nouveaux titres avec un casque, attention, il s'agit de grande musique ouvragée alors le son pété du laptop est formellement proscrit. Sauf que chacun sait qu'un bon disque pop peut (et se doit de) sonner sur n'importe quel poste pourri, demandez à un producteur aguerri ce qu'il en pense, ou interrogez-vous sur ce que signifient les termes "optimisé pour iTunes" que l'on peut voir sur le store d'Apple. Et sinon, Lady Gaga nous a également interdit de lire ce que disent les blogueurs, ces gros haineux qui ne sont pas de vrais critiques. Mieux vaut se fier à l'avis de ses fans, garants d'une objectivité infaillible.
A la première écoute, en début de soirée, je suis un peu "meh". Je trouve ça foireux. Quel gros bordel. Le refrain m'agace, et ne me lancez même pas sur les paroles. Il y a pourtant de bons éléments, de bonnes idées : la prod' sophistiquée, le rythme trépidant, les synthés foufous, les vocaux outrés sont plutôt drôles. Mais la mélodie ne m'emporte pas, et le tout sonne comme quelqu'un qui essaye trop (ce fameux syndrome Lady Gaga, dont souffrait déjà son disque précédent). Mais autour de moi, et sur les "réseaux sociaux", tout le monde semble adorer, du coup je me sens un peu seul.
Et puis, plus tard dans la nuit, je réécoute. J'en discute avec Julien de Pop à Vapeur, qui trouve le truc pas mal du tout. Et là, je comprends ce qui ne va pas. Je crois que la Lady Gaga un peu goth chelou italo disco dans les caves me manque, celle de "Paparazzi", "Alejandro", "Dance In The Dark" et "Bloody Mary". "Applause" sonne un peu comme de la k-pop, mais produite par quelqu'un qui n'en maitriserait pas les codes, afin d'en faire un usage personnel discutable. Et je m'aperçois qu'une fois cette barrière de puriste franchie (Lady Gaga se doit de faire des tubes 80s retapés qui sentent la mort, la folie et le poppers frelaté, et rien d'autre), le titre a fini par gagner sa place dans mon petit coeur de blogueur qui n'a jamais su dire je t'aime. Une victoire à l'arrachée. Ca mérite bien quelques applaudissements.