Depuis la rentrée, il y a une chose qui me turlupine un peu et dont j'aimerais m'entretenir avec vous. C'est quoi le problème avec Katy Perry ? Depuis la sortie de son dernier album Teenage Dream, il ne se passe pas une semaine sans que quelqu'un la descende dans la presse ou sur le net.
Certes, Katy n'est pas l'artiste la plus accomplie qui soit. Son album est sympatoche mais un peu décevant, elle a toujours une voix de loutre épuisée dès qu'il s'agit de chanter live, le clip de "California Gurls" est vraiment vilain, et globalement son personnage de fille trashouille mais pas trop commence à lasser. Mais si l'on regarde en direction de Britney ou Rihanna, on peut leur reprocher exactement les mêmes choses à différents moments de leur carrière.
Son premier disque avait bénéficié de l'effet de surprise. Les journalistes adorent les petits nouveaux facilement identifiables, ça leur mâche le boulot. "I kissed a girl" ? Fastoche, on fouille un peu dans la vie privée (ou plutôt le dossier de presse) et on s'aperçoit que ses parents sont pasteurs, de braves born again christians. Bingo, on obtient alors le portrait vite torché de l'ex-grenouille de bénitier qui se dévergonde en jouant les pin-up rigolotes et sexy. La musique ? Produite par des gens qui démoulent à la chaîne des tubes pour Pink ou Kelly Clarkson. Efficace, radio friendly, tubesque.
La suite, on la connait : gros succès populaire et surtout apparitions hilarantes dans tout ce que la planète compte de cérémonies MTV. Puis fiançailles avec Russell Brand, acteur comique british très prisé du milieu indé-cool US, et changement de statut : le couple devient de la chair à magazines people - même si ici en France, les gonzesses qui feuillettent Closer chez Shampoo se demandent toujours qui est ce gars hirsute au bras de la chanteuse.
Mais le mal est fait : Katy Perry est devenue une star, on ne sait pas trop comment ni pourquoi, car malgré un sens de l'humour potache assez prononcé, il faut bien avouer que sa personnalité et sa musique sont un peu tartes.
Le soucis, c'est qu'entre temps, il y a eu Lady Gaga. Habitués à un rythme effréné de frasques, de fringues, de déclarations cryptiques, d'interviews happening et de clips incroyables, bref, du contenu à bouche que veux-tu, maintenant que l'heure du break a sonné pour la nana qui a porté l'avenir de la pop sur ses frêles épaules pendant deux années entières, vers qui les remplisseurs de pages vont-ils se tourner ? Pas de chance pour Katy, le hasard du calendrier a voulu qu'elle sorte son album en plein désert pop, et c'est sur elle que ça va tomber. Le seul problème, c'est que Katy Perry n'est pas Lady Gaga, loin s'en faut. Et le monde des médias projette sur elle des attentes insensées. Eh les gars, on parle de Katy Perry, la nana qui chante "You're hot and you're cold, you're yes and you're no", Katy Perry pour qui un soutif expulsant des jets de crème chantilly est ce qui se rapproche le plus de la subversion...
Voilà pourquoi Katy rame un peu aux yeux des critiques et d'une partie du public. Elle se tape le sale boulot : être obligée de garder la boutique pop en l'absence de la (déjà) taulière Gaga, alors qu'elle a tout juste les compétences d'une stagiaire qui servirait les cafés au jury de X Factor (jury dont elle a pourtant brièvement fait partie cette année, encore un job de remplaçante, de Cheryl Cole cette fois).
Ainsi, pour toutes ces raisons et parce que "Teenage dream", "Last friday night" et "Firework" sont d'excellents morceaux sur son dernier disque, j'exige la réhabilitation immédiate de Katy Perry dans le coeur des fans de pop.