Depuis la semaine dernière, les Rage Against The Machine sont n°1 des ventes de singles en Angleterre, avec "Killing in the name". Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Il s'agit en réalité d'une campagne stupide visant à humilier Simon Cowell, le grand manitou de X Factor, qui place depuis 5 ans à la même époque les gagnants de l'émission en tête des ventes de Noël. Et ainsi protester contre l'hégémonie de ce show télé, qui vendrait de la merde aux kids à chaque fin d'année.
Waw, quelle idée révolutionnaire. Rage Against The Machine, le groupe politique et engagé, symbole de la lutte (contre quoi en fait, on ne sait plus très bien, c'est tellement vieux), avec un titre bien chanmé et tellement pas christmassy, afin de représenter une alternative salvatrice face à la mièvrerie du jeune chanteur Joe McElderry et sa reprise de Miley Cyrus. Et c'est le rock qui a gagné, hourra, sus aux immondes et avides fabricants de pop écervelée, vive l'esprit d'indépendance, etc.
C'est bien joli tout ça, mais il y a un gros soucis.
Tout d'abord, Rage Against The Machine est responsable d'un style musical atroce, qui n'a pas survécu aux années 90 : la "fusion". Ce truc immonde consistant à mélanger l'aspect bourrin du rock (de grosses guitares bien lourdingues) et l'aspect bourrin du rap (des paroles bien revendicatives contre la corruption, la dictature, ce genre de choses), qui donne au final une musique bourrin, comme par hasard, totalement dénuée d'intérêt.
Ensuite, Rage Against The Machine, ça date. "Killing in the name" est sorti en 1992. Quelle idée saugrenue de remettre en avant un groupe qui n'a plus aucune actualité depuis des siècles. OK pour le symbole, mais la vérité un peu triste qui se cache derrière cette campagne, c'est que le rock n'a pas vraiment engendré de groupes aussi "crédibles" et à l'image aussi sulfureuse que les Rage depuis plus de 15 ans. Difficile en effet de faire porter les habits de la rébellion à des groupes comme Coldplay ou les Strokes...
Enfin, et c'est là que l'on atteint des sommets d'absurdité : les Rage Against The Machine sont signés sur une major, qui n'est autre que Sony. Et les gagnants de X Factor signent à chaque saison sur Syco, qui est un label appartenant... au groupe Sony Music ! En gros, que les Anglais aient acheté le single des Rage ou celui de Joe, l'argent atterrit dans les mêmes poches, déjà bien lourdes cette année, des gars de chez Sony (rappelons qu'une bonne partie du back catalogue de Michael Jackson est aussi distribuée par Sony). Certains se sont même demandés si toute cette campagne n'avait pas été fomentée par un petit génie de la section marketing de la multinationale...
La rage contre la machine ? Au final, tout cela prouve surtout que les acquéreurs de "Killing in the name" sont une bande d'abrutis aux goûts de chiotte, incapables de réfléchir par eux-mêmes. La seule qui méritait d'être numéro 1 de Noël, c'est elle.
Long live Tinkerbell :)
Pour finir, Joe McElderry devrait se retrouver à la 1ère place ce soir, d'après les midweeks. Tout est bien qui finit bien (même si sa chanson craint aussi, il faut bien le dire).