Britney survived 2007. You can handle today. Ca ne vous aura pas échappé : le mois prochain aura lieu l'anniversaire le plus sinistre de la pop culture. Le 16 février 2007, Britney Spears, après s'être enfuie d'un centre de désintox, s'arrête dans un salon de coiffure de Los Angeles, chope la première tondeuse qui lui passe par la main, et se rase la tête sous les flashs des paparazzi. 10 ans se sont écoulés depuis cet effroyable évènement qui avait à l'époque traumatisé plus d'un fan et fait le bonheur de la presse people. Dieu merci, depuis cette sombre époque la vie et l'entourage de Britney ont bien changé. Mais cette année, le grand public n'échappera sans doute ni aux rétros, ni aux biopics cheap, racoleurs et opportunistes (comme celui que s'apprête à diffuser la chaîne américaine Lifetime). Je vais vous faire gagner un temps précieux, en vous évitant de vous coltiner ces niaiseries : car la réalité de la vie de Britney dépasse de très loin la fiction façon téléfilm.
L'an dernier, un peu par hasard, je tombe sur un documentaire "fan-made" qui retrace la vie de la chanteuse. A ce moment-là, je fais des recherches sur Britney and Kevin : Chaotic, le show de télé-réalité pas très glorieux diffusé en 2005, où la rencontre entre Brit-Brit et son futur ex-mari Kevin Federline est filmée caméra à l'épaule par une Britney en pleine tournée mondiale, épuisée et vulnérable, et dont l'état de santé mentale est déjà sujet à questionnement (il suffit de regarder cet extrait des found footages pour se rendre compte que quelque chose cloche sérieusement).
Par curiosité, je lance donc Miss American Dream, un très long docu de 2h42 réalisé par un certain Will Rebein, un gars qui a l'air fasciné par les popstars psychotiques (ses autres vidéos ont pour thème Amanda Bynes ou Paris Hilton). Comme c'est un peu long, je me dis que je vais le regarder par morceaux ou en zappant un peu. Au final, je l'ai visionné dans son intégralité. A deux reprises.
Miss American Dream est sans doute le film le plus fascinant, le plus intelligent et le plus poignant que vous ne verrez jamais sur Britney Spears. Constitué uniquement d'extraits d'émissions, de clips et de vidéos glanées sur internet, il retrace chaque épisode de sa vie, de ses débuts au Mickey Mouse Club jusqu'à l'album Glory. Au début, le ton est enjoué : on suit les premiers pas de Britney dans le monde du showbiz, les premiers succès, sa relation avec Justin Timberlake, les spéculations incessantes sur sa virginité. On découvre, ou redécouvre que la chanteuse de "... Baby One More Time" est une jeune ado hilarante à la bonne humeur contagieuse, qui encaisse avec aplomb le poids des attentes et des reproches de toutes les mères américaines, et découvre les affres de la célébrité. Puis, à mesure que les rêves de princesse de la jeune Britney se brisent les uns après les autres (la rupture avec Justin, l'absence de liberté et de vie privée), on voit la popstar sombrer, chaque faux pas relayé dans la presse ou joyeusement commenté dans tous les talk shows des Etats-Unis (le mariage éclair à Vegas, l'épisode K-Fed, les sorties en boite avec Paris et Lindsay, la perte de la garde de ses gosses, les séjours en rehab, le rasage de crâne, les virées en bagnole ou à errer pieds nus dans des stations service, le comeback raté et gênant des MTV Awards...).
Mais les moments les plus glaçants, flippants et déchirants restent les paparazzades permanentes dont Britney est la cible tout au long du docu. Rien ne lui (ne nous) est épargné. Des heures de courses-poursuites, de bousculades, de cris et de pleurs lors de chaque déplacement. Et le spectacle d'une personnalité publique qui perd pied, et s'effondre. Les fans les plus jeunes n'ont sans doute qu'une vague image de cette "Britney 2007" (on redécouvre qu'en fait, sa descente aux enfers a commencé dès 2002 : le grand public semble ne jamais lui avoir pardonné sa rupture avec Justin), mais la plupart d'entre nous avions oublié à quel point sa vie était alors un véritable cauchemar. Très mal entourée (l'ultra glauque Sam Lutfi qui la manageait à coup de cachetons), tour à tour jetée en pâture aux médias ou surprotégée, Britney Spears n'a souvent eu que son incroyable volontarisme comme seul allié.
Le doc n'échappe pas à quelques longueurs et quelques effets un peu faciles (la musique inquiétante qui vient appuyer inutilement des images qui se suffisent à elles-mêmes), et certains épisodes sont éludés, faute d'images (comme cette histoire étrange lorsque la chanteuse se pointe à l'improviste dans une station de radio pour faire écouter le premier single d'un album qui ne verra jamais le jour), mais c'est quand même difficile de faire plus exhaustif. Je croise souvent des haters de Britney Spears sur Twitter, qui ne comprennent pas comment une popstar qui donne aujourd'hui si peu à ses fans (shows en total playback, pas de promotion ni d'apparitions télé, présence minimum sur les réseaux sociaux) peut être autant aimée du grand public. Miss American Dream répond en partie à cette question : Britney a survécu à 2007.