Nous y voilà. Après un teasing qui semble avoir duré une éternité, le clip-blockbuster de Taylor Swift pour le titre "Bad Blood" a été dévoilé hier soir, en ouverture de la cérémonie des Billboard Music Awards. On le sait, son casting est impressionnant : Kendrick Lamar, Cindy Crawford, Jessica Alba, Lena Dunham, Selena Gomez, Mariska Hargitay, Cara Delevingne, Karlie Kloss, Hayley Williams (du groupe Paramore), Ellie Goulding, Gigi Hadid, Ellen Pompeo, Zendaya, Hailee Steinfeld, Martha Hunt, Serayah et Lily Aldridge y font une apparition (les soeurs Haim devaient avoir piscine). Les fans sont ravis : avec cette vidéo qui ferait passer le lancement de Tidal pour une gentille kermesse de province, Tay-Tay affirme une bonne fois pour toutes qu'elle possède l'un des carnets d'adresses les plus fournis du music business. Mais à part ça ?
On remarquera surtout deux choses. En premier lieu, on s'attendait davantage à un mini-film ultra scénarisé plutôt qu'à ce simple clip d'un peu plus de 4 minutes. Les prestigieux caméos sont ainsi réduits à... de simples caméos. On ne voit les guests de Taylor que quelques secondes chacune. De quoi frustrer les fans, qui espèrent (un peu naïvement) une version longue. Ca en dit long justement sur les attentes (déçues) que suscitaient la mise en image de "Bad Blood", et surtout sur les intentions de TSwift : le seul message de cette grosse production à la Michael Bay au pitch aussi incompréhensible et confus qu'un épisode de Transformers pourrait être "je suis la reine de l'entertainment, voici mes sidekicks, elles ne me volent jamais la vedette, alors watch your back, Katy Perry".
La deuxième remarque qu'on peut se faire, c'est qu'au final, cette débauche de stars, d'effets et d'énergie autour de ce single n'est en fait qu'un IMMENSE écran de fumée pour détourner notre attention de quelque chose d'encore plus étonnant : le featuring de Kendrick Lamar. C'est la première fois que la babtou en chef laisse un rappeur s'introduire dans sa discographie, et quand on sait de quel background social, géographique et musical nous vient la chanteuse, il fallait bien 17 grosses stars et des centaines d'explosions pour cacher le fait que désormais, Taylor Swift n'est plus la country girl préférée des bouseux white trash. Le clip de "Bad Blood" signe ainsi son divorce définitif d'avec tout ce qui faisait son ADN musical jusqu'à la sortie de l'album 1989. En mettant de la couleur dans sa pop blanche et aseptisée, en se réconciliant avec Kanye West et en invitant Beyoncé à sa fête d'anniversaire, Taylor Swift s'émancipe enfin, et pour de bon, de son image de petite fiancée WASP de l'Amérique. Est-ce que ça la rend plus sympathique pour autant ? Pas vraiment.