"Boy With Luv", la charmante nouvelle chanson d'amour funky et printanière du boyband coréen BTS vient d'arriver sur YouTube. Pour les ARMY (le fanclub du groupe), l'enjeu sera aujourd'hui de dépasser le record de vues en 24h obtenu la semaine dernière par les BLACKPINK, qui elles-mêmes avaient battu le dernier Ariana Grande. Et de faire du nouvel album des garçons, Map Of The Soul : Persona, un succès planétaire. Nul doute qu'ils parviennent à leurs fins.
Mais il y a un détail qui fait beaucoup parler sur Twitter et sur les forums. Annoncé très longtemps avant sa sortie, "Boy With Luv" a ceci de spécial qu'il s'agit d'une collaboration avec la popstar américaine Halsey. La chanteuse n'a pas vraiment besoin de publicité : son dernier morceau, "Without Me", squatte les hauteurs du Billboard depuis des mois. Non, c'est bien en tant que fan que la jeune Halsey est venue participer au nouveau titre du boyband le plus populaire du monde.
Seulement voilà : la présence d'Halsey sur le morceau est plutôt fantomatique. C'est à peine si on l'entend sur les refrains. En revanche, on notera que dans le clip, elle donne tout : jusqu'à s'essayer à l'exercice casse-gueule de la choré avec le groupe. Des chanteurs coréens donc, qui par essence maîtrisent tellement la chose à la perfection qu'ils feraient passer n'importe quelle chanteuse de pop occidentale pour un balai à perruque.
C'est donc l'incompréhension chez les fans d'Halsey. Pourquoi avoir accepté de participer à ce projet si c'est pour y faire tapisserie, voire se ridiculiser un peu ? Sans doute pour les streams. Sans doute aussi, ne soyons pas totalement cyniques, pour rencontrer ses idoles.
Reste que cette collab' est intéressante. Car en 2019, on en arrive à un tel renversement des pouvoirs au sein de l'industrie de la musique, que c'est Halsey, une chanteuse occidentale, qui est obligée de se plier aux volontés de l'agence d'un groupe coréen, et d'accepter sans broncher un tout petit rôle un peu ingrat dans un clip blockbuster asiatique. Cette situation inédite met ainsi fin à des décennies durant lesquelles les acteurs asiatiques étaient obligés de cachetonner dans des rôles de faire-valoir souvent caricaturaux dans les films hollywoodiens.
C'est peut-être un détail pour vous, mais dans le rapport de force entre les industries culturelles asiatiques et occidentales, ça veut dire beaucoup.