La sortie d'un nouveau single de Gwen Stefani est toujours un évènement en soi. Alors qu'on fête ce mois-ci les 20 ans de l'album Tragic Kingdom, le disque qui a lancé sa carrière au sein du groupe No Doubt, que devient la chanteuse qui a redonné ses lettres de noblesse à la pop au milieu des années 2000 ? Eh bien, pour tout vous dire, ça ne va pas bien fort.
La sortie de "Used To Love You" est accompagnée d'un contexte assez douloureux. La chanson y évoque son récent divorce d'avec Gavin Rossdale. Le couple était marié depuis 2002 et ont aujourd'hui trois enfants. Le titre est annoncé comme le premier single d'un nouvel album. Le souci, c'est que deux autres singles étaient sortis l'année dernière : "Baby Don't Lie" et "Spark The Fire". Ils n'avaient pas vraiment explosé les compteurs dans les charts, et le fameux nouveau disque se faisait attendre. Au final, Gwen a décidé de tout reprendre de zéro, et de balancer les morceaux prévus pour ce disque à la poubelle. Pressée par ses fans et (sans doute) sa maison de disques de profiter de son exposition médiatique (elle était jurée de The Voice US en 2014) pour réactiver sa carrière musicale, la chanteuse de "Hollaback Girl" s'est précipitée en studio, mais de son propre aveu n'avait pas vraiment le temps de beaucoup s'impliquer dans la confection du disque. Parfois, ça marche pour certaines popstars (Rihanna ou Britney Spears ont souvent publié des disques incroyables en faisant le minimum syndical), mais malgré les efforts de Benny Blanco, Pharrell Williams, Charli XCX ou Calvin Harris, présents au casting de l'album, Gwen n'était pas convaincue du résultat final. On efface tout et on recommence.
Tout ça nous amène à "Used To Love You", une ballade franchement déchirante où rien ne nous est épargné. Les breakup ballads, c'est un genre qu'elle maîtrisait déjà à l'époque de No Doubt et qui a valu à "Don't Speak" son succès colossal au milieu des années 90. Ici, le résultat est un peu en dessous, malgré un refrain qui fait son petit effet (faites pas genre que vous aviez une poussière dans l'oeil). On est heureux d'entendre autre chose que les club bangers un peu ratés de l'année dernière, certes, mais le titre n'a pas la justesse, la pudeur et cette fausse impression de légèreté qu'on retrouvait sur les ballades "Don't Speak", "Cool" ou "Early Winter" par exemple. Ici, comme sur le clip qui l'accompagne, le truc souffre clairement du syndrome "gros sabots". La vidéo, parlons-en. Elle est presque insoutenable. Impossible de la regarder en entier sans se sentir vraiment gêné. Qui a envie de s'infliger un plan fixe sur cette pauvre Gwen qui pleurniche et jette des regards implorants à la caméra durant les 3mn47 de la chanson ? Sûrement pas moi, qui déteste par dessus tout le pathos dans lequel se vautrent tellement de popstars quand elles n'ont plus rien à raconter de pertinent. Et j'ose penser que ce n'est pas le cas de Gwen Stefani. La nana est connue pour ses fréquentes pannes d'inspiration au cours de sa longue carrière (c'est d'ailleurs le sujet de son plus grand tube "What You Waiting For") et ça ne l'a pourtant jamais empêché de balancer quelques uns des meilleurs titres pop de tous les temps. Allez, on sèche ses larmes et on retourne bosser. You go, girl !