Le single de Kylie Minogue a fuité depuis une semaine, mais j'ai décidé, pour une fois, de faire les choses dans les règles et d'attendre sagement la sortie officielle d' "Into The Blue". Parce que c'est Kylie après tout.
"Into The Blue" est une tuerie de comeback single, comprenant l'un des plus beaux refrains pop depuis une éternité. Même s'il ne remplira sans doute pas les objectifs à atteindre (apporter à Kylie un nouveau classique à la "Can't Get You Out Of My Head"), le contrat de la bombe pop sensible, légère et aérienne qui réchauffe nos petits coeurs est lui, selon moi, parfaitement rempli.
Je lisais les critiques du titre, et certains lui reprochent son côté quelque peu suranné. Le premier extrait de Kiss Me Once ne serait pas assez "current", pas assez cool, plus assez dans l'air du temps. Le site Popdust accuse Kylie de ne s'adresser qu'à son noyau dur de fans, un ramassis de "Popjustice queens", selon leurs propres termes.
Alors déjà on va se calmer sur les termes désobligeants. Je ne suis pas sûr que les rédacteurs de Popdust soient l'incarnation de la virilité, et leur avis sur la pop, on le connait et on n'y adhère pas. Si savoir reconnaitre et apprécier de la bonne pop et voir dans Kylie Minogue la vraie reine du genre, sans forcer, sans l'egotrip et la représentation épuisante d'une Beyoncé, je veux bien être la plus folle et la plus ringarde des Popjustice queens. C'est à dire que nous, les fans de pop, on les voit arriver en bandes organisées, les pouffes du ghetto, qui ne jurent que par les sons de DJ Mustard, qui veulent s'acheter une crédibilité hipster et une badasserie à moindre frais à coups de sons hip hop. On vous a repérées de loin et on vous juge. Car personne ne veut que la pop music de 2014 ressemble à une album track de Rihanna, personne n'a envie d'un Billboard envahi de copies de "Pour It Up" et de featurings de Future ou de T.I.
Kylie, avec ses refrains aériens, ses chansons en équilibre entre l'euphorie et la mélancolie, est peut être à l'ancienne, mais sa musique a une âme, et la jeune génération l'adore. Contrairement à cette légende "urban" créée par quelques mauvaises blogueuses, on n'est pas juste une poignée de trentenaires nostalgiques paumés dans la nature à voir en elle la vraie garante d'une certaine idée de la pop, avec ce qu'il faut de classe et de légèreté. On peut se marrer cinq minutes à jouer les précieuses connasses from the block (Iggy Azalea fait ça très bien, avec ce qu'il faut de second degré et d'inventivité), mais la religion du cool avec ses clashs, ses bastons de basse-cour et ses dates de péremption (ce sont ces mêmes rageuses qui voudraient effacer Madonna du paysage à cause de son âge canonique), désolé bitches, ce sera sans moi. Signé : un fidèle lecteur de Popjustice, fidèle aux héroïnes de son enfance, qui espère toujours que Kylie va sauver la pop.