Cet été, les vacances de Lana Del Rey sont une catastrophe. Elle voulait louer une villa au bord de la mer avec Airbnb, et elle se retrouve dans cette grande bicoque vide, même pas meublée. "On ne m'y reprendra plus, la prochaine fois je resterai au Château Marmont", se dit-elle le lendemain matin, réveillée par le bruit assourdissant de l'hélicoptère d'un paparazzi. Elle dévale les escaliers, elle aurait voulu se faire un bol de cornflakes mais le frigo est vide, du coup elle feuillète distraitement le dernier catalogue Ikea, mais le connard en hélico se tape l'incruste devant la fenêtre de la cuisine. Aux grands maux les grands remèdes, Lana descend à la cave chercher un truc. Et ce qu'elle cache dans son étui à guitare va vous surprendre !
En ces temps d'incertitude et d'instabilité, quand le marché de la musique ne sait plus s'il faut nous vendre des CD, des mp3 ou des abonnements à Spotify, quand on ignore si Rihanna ou Lady Gaga parviendront un jour à boucler un nouvel album, quand les grandes personnalités pop sont aux abonnés absents, il est rassurant de s'attacher au personnage de Lana Del Rey. Evanescente, élusive et totalement immuable, sa musique est à l'image du bric à brac vintage qui constitue son univers : figée et imperméable au zeitgeist. La jeune américaine continue de creuser le même sillon, d'enchaîner les mêmes classiques instantanés de pop vaporeuse, de recycler son image de starlette hollywoodienne de carton pâte. Avec son abyssale mélancolie, soigneusement entretenue par sa tonne de weed et ses bad sugar daddies, Lana restera toujours Lana, jusqu'à l'auto-parodie (souvenez-vous du cas "Brooklyn Baby" sur Ultraviolence). Comme un glitch dans la machine pop qui se doit sans cesse d'évoluer et de s'adapter aux goûts d'un public plus volatile que jamais, "Queen Lana" garde son armée de fans fidèles et dévots, et son prochain album (Honeymoon) se contentera probablement de faire vivre encore quelques temps leur belle et curieuse histoire d'amour.