Depuis la fin des années 2000 jusqu'à l'album Witness (en 2017), Katy Perry a connu un succès phénoménal. Produisant tube après tube, enchainant des clips et des tournées visuellement scotchants, la chanteuse américaine était un modèle de popstar accomplie, réussissant cette chose rare d'être à la fois une business woman assumée, une personnalité drôle, rayonnante et attachante, et une puissance créatrice infatigable. Puis vint l'ère Witness, et toute cette belle success story de s'écrouler avec fracas.
L'album Witness fut à Katy Perry ce que ARTPOP fut à Lady Gaga : un car crash total. Torpillé par un trop plein d'ambition (des effets d'annonce tonitruants pour des titres pas à la hauteur) et une promotion bizarre et chaotique (vous vous rappelez de ce live YouTube interminable dans lequel on la voyait dormir, casser la croute avec des célébrités ou s'effondrer en larmes devant son psy ? On en garde tous un souvenir vraiment peiné), le disque n'a pas fait que flopper : l'image de la chanteuse de "Chained To The Rhythm" en est ressortie très abimée.
Comment remonter la pente après une dépression ("J'ai mis tellement de motivation dans ce travail et j'ai cherché à ce qu'il soit validé. Mais le public n'a pas réagi de la manière à laquelle je m'attendais, ça m'a blessé, brisé le coeur"), comment retrouver le succès quand on est encore raillée aujourd'hui pour avoir voulu être une artiste "woke" auto-proclamée dans une Amérique pro-Trump ?
C'est ce que Katy Perry tente de faire aujourd'hui avec le clip de ce tout nouveau titre, "Never Really Over". La vidéo nous montre une délirante séance de reconstruction de soi. "Les mots clés sont : new age, ésotérique, Californie, guérison, hippie, médicinal" annonce la chanteuse dans Variety. On y voit la popstar s'essayer à la cupping thérapie ou à l'acuponcture, et on ne peut s'empêcher d'imaginer que derrière les chorégraphies colorées et l'auto-parodie se cache une grande part de vérité. Katy Perry, comme tant d'artistes au bout du rouleau, est bien allée se mettre au vert.
Musicalement, c'est du côté de l'electro-pop scandinave qu'il faut aller chercher les influences. Co-produit par Zedd et co-écrit par la norvégienne Dagny, "Never Really Over" est ce que Katy Perry a fait de plus "robynesque" à ce jour : une chanson de rupture, des synthés furibards, un refrain qui s'emballe, on est sur du tube dancefloor à la fois chagrin et conquérant. Sans doute le titre le plus proche de l'état d'esprit de Katy Perry en ce début d'été.