Garbage est l'un des derniers groupes survivants de l'ère rock alternatif des années 90, si ce n'est le dernier, ayant gardé, sinon la popularité, du moins l'énergie des débuts. Shirley Manson et Butch Vig sont les rescapés d'une époque malade, drôle, cynique et tragique qui s'est achevée à la mort de Kurt Cobain.
Pourtant, le groupe n'a pas toujours eu très bonne presse. Butch, producteur du sacro-saint Nevermind de Nirvana, n'a jamais été pardonné pour avoir lancé Garbage, une véritable trahison à l'éthique grunge, un groupe trop pop, trop électro, trop commercial, trop immédiat, avec un son trop aguicheur, adulé par un public trop gay. A l'époque, les gens les détestaient, aujourd'hui ils jouissent d'une respectabilité étonnante. Ce qu'on leur reprochait à l'époque est devenu un atout dans le monde méta-pop de 2012. Car pour la sortie d'un nouvel album du groupe le mois prochain, le timing n'a jamais été aussi parfait. Alors que les stars et wannabe stars de la pop redécouvrent le son des guitares 90s (Ke$ha bosse avec les Flaming Lips, Ladyhawke sort un disque "britpop", Meg Myers affole les blogs avec des morceaux hantés par le fantôme de Courtney Love ado), retrouver les riffs ultra compressés qui ont fait le succès du groupe est d'autant plus jouissif que la pop mondiale baigne dans les nappes de synthés en plastique depuis maintenant bien trop longtemps.
Oui, Garbage peut faire son comeback sereinement. Leur album Not Your Kind Of People arrive à point nommé pour prouver que le groupe chouchou de la génération X peut encore donner des leçons de rock et de classe à des jeunes gens qui n'ont connu ni les drames, ni la rage, ni le merveilleux malaise d'être un adolescent dans les années 90. Garbage, ou la mémoire d'un temps où l'expression "whatever" était plus populaire que "bitch please".
Pour les nostalgiques du rock alternatif des 90s ou pour ceux qui voudraient redécouvrir ce moment géant où les guitares faisaient vraiment du bruit, le blog Fun, Culture & Pop a concocté une fantastique playlist sur Spotify. C'est à écouter ici.