Je vais faire mon chiant et mon fanboy cinq secondes. A propos du succès mondial de "Gangnam Style" et tout ce que ça implique de forcément réducteur, on pourrait facilement répondre une chose : les vrais savent. Oui, les vrais, ceux qui n'ont pas attendu la "danse du cheval" pour apprécier à leur juste valeur la diversité et l'inventivité de la pop coréenne. Si j'ai un conseil à vous donner en ces temps troublés : faisons comme si les radios et les télés n'avaient pas décidé de réduire la k-pop à un gimmick stupide, évitons de nous énerver inutilement sur notre petit cousin qui "kiffe trop le gros chinois qui fait trop golri" et continuons notre petit business habituel en découvrant au quotidien les tubes imparables dont les quelques millions de fans de LMFAO ne soupçonneront jamais l'existence.
Nos copines les miss A, par exemple. Girlband spécialisé dans le r'n'b classieux et sexy, les filles enchaînent les cartons depuis plusieurs années ("Bad Girl Good Girl", "Good-bye Baby", "Touch") et viennent de sortir un nouveau mini-album étonnant, Independent Woman Part III.
Si ce titre sonne familier, c'est fait exprès : il s'agit là d'un disque hommage aux Destiny's Child. Pari gonflé mais réussi, car la chanson phare de cet EP, "I Don't Need A Man", est l'un des meilleurs titres pop du moment. Oui je sais, je dis ça tout le temps au sujet de tout et n'importe quoi, mais cette fois-ci il faut me croire !
Quelques clins d'oeil appuyés à l'univers du groupe r'n'b le plus populaire de la fin des 90s sont ainsi disséminés un peu partout : on retrouve les bacs à shampooing de "Bills Bills Bills" dans le clip, les paroles de la chanson reprennent le thème de l'émancipation féminine, sur le mode "je peux payer mon loyer et ma Freebox toute seule, j'ai pas besoin d'un mec pour m'entretenir", et l'un des titres de l'album s'appelle "If I Were A Boy", en écho à cette ballade particulièrement lourdingue de Beyoncé issue de l'ère Sasha Fierce.
Point ici de boîtes à rythmes en surchauffe et de refrains écervelés à la T-ara, ni de minauderies trop appuyées à la Sistar, les miss A jouent plutôt la carte du fun et du r'n'b, un style rétro qui a pourtant salement la cote en Corée actuellement. Il faudra un jour se demander pourquoi les Coréens ont une telle fascination pour ce son au point de régulièrement piocher dans l'héritage de Michael Jackson, Justin Timberlake, TLC ou les Boyz II Men.
En tout cas, pour ceux qui en doutaient encore, les miss A viennent nous apporter une nouvelle preuve que les Coréens ne sont pas uniquement bons à inventer des danses crétines, ils ont aussi un putain de groove, et une science de la pop song parfaite.