Je me rappelle de la réaction que j'avais eu au visionnage du docu sur la tournée de Justice aux Etats-Unis sorti en 2008 (A Cross The Universe), à quel point leur attitude de sales branleurs inconscients me débectait. Le spectacle sordide et pathétique de ces néo-bourgeois qui se la jouaient kainry et se croyaient rock'n'roll en manipulant des armes à feu, en humiliant des groupies défoncées et en ingurgitant tout ce qu'il était humainement possible de boire ou de sniffer, cette suffisance de jeunes beaufs french touch avait achevé de me faire détester une scène electro parisienne que j'avais d'ailleurs toujours prise avec des pincettes. Depuis, c'était épidermique, j'avais une dent contre tous ceux qui gravitaient autour de la mafia Ed Banger.
Pourtant, et même s'il entretient des liens étroits avec cette scène de gros fumistes, j'ai toujours eu de la sympathie pour le personnage de Sébastien Tellier. Déjà parce que son univers et sa musique sont plus doux, plus décalés, plus originaux que ses "collègues". Parce que ses interviews sont drôles, que le mec a vraiment l'air de quelqu'un d'intéressant, d'attachant. Et, force est de constater que visuellement et musicalement, le concept autour de son dernier album (un délire sectaire appelé l'Alliance Bleue, à base de biscuits colorés et de parc d'attractions libertaires) est vraiment abouti, tout en étant tout de même bien déglingos.
On pourra trouver le clip de "Cochon Ville" de très mauvais goût, ou génial. On louera le côté malin de ce single, relecture 2012 de "Sea, Sex & Sun" avec ce qu'il a de putassier et d'attrape-couillon (comme l'était le morceau de Gainsbourg à l'époque d'ailleurs). Ou on détestera le côté gimmick bourrin et la prétention de l'ensemble. Il n'empêche, le titre est bien trop drôle et entraînant, il est assez difficile d'y résister bien longtemps. En revanche, c'est dommage que cette chanson, à la vidéo hautement NSFW, soit la seule chose vraiment excitante sur un album (My God Is Blue) qui bande un peu mou.