Taylor Swift. On peut ne pas être d'accord avec le consensus ahurissant selon lequel son album blockbuster 1989 serait un chef d'oeuvre pop : c'est un disque attachant qui fourmille d'idées, mais on l'aura vite oublié comme ce fut le cas d'un autre disque attachant qui fourmillait d'idées, Prism de Katy Perry. On peut également lever un sourcil de surprise teintée d'agacement lorsque Miss Monde décide de retirer tout son catalogue de Spotify, prétextant que toute cette histoire de streaming serait bien trop hasardeuse (pour son compte en banque). On peut se demander quelle mouche a bien pu piquer une nana qui parvient à vendre près d'1 300 000 disques en une semaine aux Etats-Unis, pour employer de telles mesures coercitives.
On peut détester Taylor Swift pour son personnage de princesse connasse qui aime tant se déguiser en girl next door empotée qu'elle n'est évidemment pas, avec son petit côté prude, nature et pas douée avec les garçons qui plaît tant à ses fans adolescentes et qui alimente au passage, certes passivement mais sûrement, le slut shaming ambiant. Mais il y a un truc pour lequel elle est inattaquable : cette fille a l'intelligence d'être extrêmement drôle. Parfaitement à l'aise avec cette grossière caricature un peu désastreuse de mangeuse d'hommes insatisfaite et revancharde qui lui colle à la peau, elle met en scène avec à chaque fois un peu plus de génie et de maitrise une version hystérique et borderline de sa propre image publique. La chanson et le clip de "Blank Space" en sont l'illustration la plus bluffante, une opération de séduction rondement menée qui force le respect. Il va falloir s'y faire : on va devoir se cogner les mignonnes outrances girly de Taylor Swift pendant encore un moment...