Je ne sais pas ce qu'on reproche précisément au duo The Pirouettes, mais les torrents de sarcasmes que j'ai pu lire ou entendre à leur sujet démontrent bien que la pop en français, c'est jamais simple. Elle s'appelle Vickie Chérie, il s'appelle Léo Bear Creek, et ce couple-sur-scène-comme-dans-la-vie est responsable d'un album plutôt mignon de french pop sous influences 80's baptisé Carrément Carrément. Leurs chansons douces et dansantes sont aussi rafraichissantes qu'un cocktail sur une terrasse de printemps, même si leur chant un peu timide à la limite de la neurasthénie pourrait en faire fuir plus d'un. Mais du coup, c'est quoi le problème avec ces sympathiques jeunes gens ?
Elli & Jacno. La comparaison est lâchée. Et elle est très lourde à porter, car on ne va pas se mentir, la presse et les médias ont pris le raccourci le plus paresseux possible pour décrire les compos du duo. Elli et Jacno étaient eux aussi un couple de jeunes parisiens qui excellaient dans la pop à synthés. Mais les similitudes s'arrêtent là. Car entre le Paris des années 80 de Tout va sauter, et celui des Pirouettes en "2016" , il y a un gouffre de civilisations et de points de vue carrément carrément abyssal. De loin, la même légèreté, les mêmes claviers, les mélodies 100% sucre. Et pourtant, il y a d'un côté un désespoir sourd propre à l'esprit punk de l'époque, de l'autre l'errance rêveuse et timorée de deux jeunes urbains cherchant à sublimer leur petite routine très contemporaine (toutes les chansons de Vickie et Léo parlent d'aller à des concerts et d'écouter des disques chez des potes). Et surtout, on a d'un côté un couple rock qui inventa le futur, et de l'autre un couple de gentils brocanteurs. Les Pirouettes ne sont peut être pas Elli & Jacno, et ils ne leur arrivent sans doute pas à la cheville, mais ça n'est vraiment pas le propos, inutile de leur en vouloir pour ça. On a juste affaire à un duo un peu sensible qui maitrise l'hommage pop à merveille, et ça suffit amplement à les rendre attachants.