Il y a des groupes qu'on est très heureux de découvrir avant tout le monde, puis ils deviennent de plus en plus populaires, on les entend partout et ils finissent par remplir des stades. Ces petites formations sympas qu'on était fiers de partager avec nos amis, on se met parfois à les détester quand le succès leur tombe dessus. Ils deviennent trop mainstream, ta cousine de province les adore, on se dit qu'ils ont vendu leur âme et on finit par se désintéresser de leur sort au bout de quelque temps.
Ce n'est PAS le cas de Years & Years. Ils ont beau être devenus les chouchous de l'Angleterre et du reste du monde en un temps record, leur incroyable ascension fait vraiment plaisir à voir. D'abord parce qu'Olly Alexander est devenu un porte-voix queer aussi charismatique qu'attachant, passant du minou un peu timoré à une bête de scène flamboyante dont les propos sur l'amour, le sexe et la visibilité, aussi sincères que pertinents, sont une source d'inspiration pour toute une nouvelle génération de kids aux genres et aux cultures aussi fluides que les nappes de synthés de l'europop sensible de "King". Ensuite parce que voir le leader d'un groupe assumer aussi joyeusement son statut d'icône / superstar / poster boy, tout en poursuivant inlassablement la quête de la pop song parfaite, c'est la plus gratifiante des récompenses pour les fans de la première heure.
"Meteorite" est une grosse tuerie dancefloor ultra sexuée ("hit me like a meteorite", tout de même), un hymne power bottom aussi déluré que poétique. On se demande ce que ça vient foutre sur la BO du film pour mémères Bridget Jones' Baby, mais peu importe. Dans le clip, Olly se déhanche comme si sa vie en dépendait, totalement à l'aise dans une tenue composée de 86000 cristaux Swarovski. Le garçon ne se refuse désormais plus aucune extravagance, assumant son côté diva disco folle furieuse avec humour et panache. Comme quoi, même au pays du Brexit, il existe encore des groupes qui rassemblent les foules et regardent vers l'avenir, en dansant comme des cagoles.