Depuis ses débuts, Zazie a toujours été prise en grippe, notamment à cause du syndrome "cul entre deux chaises" de sa musique, à la fois consensuelle à la limite du navrant, mais allant parfois puiser son inspiration hors des sentiers rebattus de la variété. Il semblerait qu'aujourd'hui, un peu épuisée d'avoir tant cherché à plaire à ce fameux grand public francophone aussi frileux qu'intolérant à la nouveauté, Zazie se mette enfin à "prendre des risques" (toutes proportions gardées), à oser quelque chose d'un peu moins lisse.
"20 ans" aurait pu être un foirage total : la chanson évoque l'envie de la génération bobo, un peu rincée et mise de côté par les digital natives aux dents longues et à la peau fraîche, de garder un pied sur le dancefloor. Un fantasme d'éternelle jeunesse qui aurait dû être un peu triste voire ridicule si le titre n'avait pas été aussi bien écrit, composé et surtout produit : la dance music sombre, sexy et d'une précision redoutable qui se déroule tout au long de ces "20 ans" est un modèle de réussite pop, et Zazie doit une fière chandelle au mec d'Aaron responsable de ce son sophistiqué et malin. Imaginez la catastrophe si elle avait fait appel à Bob Sinclar, par exemple.
Du coup, au lieu de sonner comme le chant du cygne d'une artiste un peu has been qui "essaye trop fort" (Madonna anyone ?), le nouveau Zazie, simple et évident, n'a pas à rougir d'avoir voulu se frotter à l'exercice pop : "20 ans" est sa meilleure chanson depuis... toujours.
Le clip en revanche, avec ses caméos TF1 et sa mise en scène laborieuse, est la seule ombre au tableau.